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- dans la formation des �tudiants � ce style de musique.
Ichimaru continua � enseigner et � se produire jusqu�� un �ge avanc� bien que, malheureusement, quand morte en 1997 � l��ge de 91 ans, elle avait perdu sa fortune. Ses soeurs d�munies lui rendaient r�guli�rement visite pour lui demander des pr�ts et elle leur donnait g�n�reusement de l�argent tout au cours de son existence. Mais � la fin de sa vie, sa gardienne de maison et servante disparut en emportant avec elle presque son enti�re fortune, �valu�e � quelque 80.000.000 yens. Ichimaru laissa cependant derri�re elle un h�ritage �norme � l�industrie de la musique japonaise et son triomphe contre l�adversit�, alors qu�en m�me temps elle se perfectionnait dans les arts pour devenir une diva exceptionnelle, constitue en elle-m�me une histoire extraordinaire.
Sumida Gawa
(La rivi�re Sumida)
Un essai par Ichimaru
Quand, finalement, la guerre se termina, je rentrai chez moi dans ma vieille r�sidence, et je me sentais enfin rassur�e et le coeur paisible. Ma maison se trouve pr�s de la rivi�re Sumida. Je me suis attach�e � cette rivi�re, car j�ai v�cu l� pendant de nombreuses ann�es. Bien que la vie quotidienne �tait plut�t limit�e du fait des restrictions d�apr�s- guerre dans l�alimentation et les biens courants, l�eau de la rivi�re �tait propre et non pas pollu�e comme de nos jours, et ses eaux abondantes �taient pour moi un rappel constant des nombreux bons souvenirs du pass�.
Le souvenir d��v�nements saisonniers tels les magnifiques feux d�artifices du Festival de la Rivi�re Sumida, le myst�rieux festival des lanternes, les lanternes flottantes sur la rivi�re qui bougeaient comme des lucioles, me revient � l�esprit quand la nuit je regarde la surface de la rivi�re. Durant la journ�e, les eaux refl�taient cependant la r�alit� des sc�nes de d�vastation de la guerre. En ce temps l�, ma seule joie �tait de jouer toute seule le shamisen et de chanter mes chansons.
En y r�fl�chissant, cette p�riode solitaire et vide de ma vie me donna l�occasion d��tudier par moi-m�me. J��tais libre de tout contrat d�enregistrement ou de r�p�titions en sc�ne. J�avais le temps de repenser � mes performances pass�es et d�am�liorer mes capacit�s. J�examinais chaque livre de la biblioth�que et r�p�tais longuement chaque chant. Mes ongles des doigts commenc�rent � se fendre et � se d�former, tellement je r�p�tais.
Et le temps passa ainsi. Puis la ��Fleur et le Monde des Saules� de Yanagibashi se mit � revivre, et les restaurants le long de la rivi�re rouvrirent leurs portes. On pouvait entendre le son des r�ceptions et de la musique shamisen port� par le vent sur la rivi�re. On pouvait apercevoir un nombre croissant de bateaux sur la rivi�re. M�me moi, qui par nature n�aime gu�re sortir, je me sentais revivre en m�me temps que la rivi�re.
Dans ma vie, je n�ai pas eu vraiment de compagnon. Ma vie a �t� d�nu�e des sentiments et de la compr�hension qu��prouvent les parents pour leurs enfants. Je me suis �tonn�e parfois si ma vie en tant que femme a �t� une vie heureuse. Je me suis demand�e parfois si je ne m��tais pas engag�e dans une sorte de fausse vie en tant que femme. Quand j��tais jeune, je tombais moi aussi amoureuse des hommes, comme les autres jeunes femmes. Mais mon amour, cependant, ne fut jamais exprim�. Je le gardais dans mon coeur, je devais �teindre sa flamme. Les jeunes femmes d�aujourd�hui sont-elles
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