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- de place. Quand le travail en cours exigeait le recours � des tallies differentes et que les pinceaux etaient gorges d�encre, on les disposait alors sur le rebord de la pierre � encrage, sur le reposoir, ou sur le rebord d�un pointeur. Le but de ce dernier etait d�obtenir une pointe en biseau sans pour autant ajouter de l�encre au pinceau comme cela aurait ete le cas si Ton avait eu recours � la pierre � encrage.
On fabriquait des galettes d�encre de couleur � partir de mineraux en poudre ou de la suie pour l�encre noire ; le tout etait melange d�une colle et verse dans des moules. L�encre noire etait d�usage courant alors que l�encre rouge servait pour la ponctuation ou pour les annotations ou encore pour corriger le travail des etudiants. On utilisait � l�occasion de l�encre doree pour des textes speciaux, ou encore des encres de couleur pour les tableaux colories. La qualite de l�encre dependait des ingredients utilises. Pour faire de l�encre, il fallait piler tout d�abord les galettes d�encre, les fines poussieres resultantes etant dissoutes dans l�eau. On accomplissait ce travail sur une palette ou, de preference, sur des pierres speciales. Les meilleures pierres � encrage ne servaient pas � la decoration mais consistaient en une surface servant � piler l�encre selon la consistance voulue, ni trop fine ni trop grosse et pouvant retenir l�eau. D�une maniere generale, on creusait aussi un reservoir � eau dans la pierre.
L�utilisation optimale des Quatre Tresors exigeait le recours � d�autres ustensiles. On avait besoin d�un reservoir � eau pour la pierre � encrage ou encore d�un autre recipient pour laver les pinceaux apres usage et aussi, comme nous l�avons vu, de quoi suspendre ou tenir les pinceaux ou alors des reposoirs. Parfois on disposait un support pour la galette d�encre mouillee ou encore une pierre � encrage pour l�encre rouge afin de garder les couleurs � part. En general, un studio traditionnel pouvait etre expose aux courants d�air, alors on plagait un petit ecran pour eviter que le courant d�air ne seche l�encre sur la pierre � encrage.
Un erudit utilisait differentes sortes de sceaux tables par un calligraphe connu ou alors par l�erudit lui-meme et de preference dans une pierre douce et interessante. 11 y a avait des sceaux pour tout, pour le nom de l�erudit, pour ses divers noms de studio ; il y avait des sceaux de bureaux et de bibliotheques et des sceaux portant ses expressions favorites en exergue devant le texte calligraphic. Pour ne pas les abimer, on rangeait les sceaux de pierre et la pierre � encrage dans des boitiers. On preparait une encre speciale � partir de cinabre pile, de fibres vegetales et de certaines huiles et on obtenait ainsi une substance rouge visqueuse dans laquelle on pressait le sceau pour l�enduire. L�encre pour le sceau etait gardee dans un reservoir � couvercle, generalement en porcelaine, pour eviter qu�elle ne seche. On remuait de temps � autre ce melange avec une spatule en bois ou en ivoire car l�huile avait tendance � se deposer au fond. Quand ecrivant sur un rouleau de papier, on avait besoin aussi de presse-papiers pour eviter que les coins ne s�enroulent.
Tous ces accessoires etaient choisis en fonction d�une esthetique accordant une grande importance � l�aspect naturel et � l�anciennete des choses. Plus vieux l�objet et mieux cela valait : une piece etait specialement appreciee si eile etait associee avec les fameux erudits des temps passes. Les erudits evitaient le luxe ostentatoire et ne recherchaient pas les grands objets en ivoire, les metaux precieux ou d�autres materiaux ostentatoires. Ils nourrissaient une preference pour les decors subtils mettant en lumiere la surface des substances naturelles comme la pierre, le bois et le bambou. Les motifs privilegiaient les symboles de la longevite (pin, grue, certains champignons), la liberte artistique (nuages blancs), les saisons (bambou, prunier en fleurs, chrysanthemes), les passe-temps de l�erudit (jeu d�echecs chinois, boire du vin), ou la spontaneite (les jeux d�enfants). On
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