Transcript |
- Le declin de l�influence imperiale, vers la fin de la dynastie Ming, coincida avec l�expan- sion des marches d'exportation, particulierement au Japon et aux Pays-Bas. Les restric�tions precedentes sur les exportations furent considerablement assouplies. En plus de l�exportation de ceramiques aux formes et aux decors chinois, on commanda aux artistes chinois l�execution de pieces aux formes adaptees � la table des Europeens et � celle des Japonais, pour la ceremonie du the. Mentionnons cependant qu'on introduisit tres rare- ment des decors etrangers sur la poterie de cette epoque. Le centre de Jingdezhen enregistra cependant une grande demande de porcelaines fines et delicates, particuliere�ment de style Kraak-porselein, populaires pendant de nombreuses annees.
La production de ceramique semble avoir quelque peu stagne durant les deux premieres decennies de la dynastie Qing, pour reprendre ensuite franchement au cours des annees 1660. Un style particulier de peinture, apparemment present dans les tableaux et les gravures sur bois de cette periode, qui se caracterisait par une repetition de mailles tres serrees pour representer des elements de paysage, fit son apparition dans les bleu et blanc de la fin de la periode de transition. Malgre qu�on ne puisse les relier � aucun peintre en particulier, on a donne � ce style le nom de �Maitre des rochers� (fig. 78 et 80). Notons egalement quelques autres elements des decors des bleu et blanc de cette epoque qui etaient destines au marche national: une bordure presentant des eclaboussures ou alors des aiguilles de pin ou des feuilles de bambou, qui n�etaient pas caracteristiques des pieces executees pendant l�epoque Ming.
On appelle Shonzui et Ko-sometsuke (vieux bleu et blanc) les poteries de la periode de transition qui furent exportees au Japon. Ces deux styles de poteries etaient utilises pendant la ceremonie du the. De moins bonne qualite, les Ko-sometsuke ont probablement ete executes au cours du regne de Tianqi (1621-1627), alors que les Shonzui datent de la premiere partie du regne de Chongzhen (1628-1644). Chacune de ces deux categories etait destinee a un marche en particulier, d'o� les grandes differences dans leurs decors et leurs formes. On croit en outre que les clients japonais firent parvenir � Jingdezhen des modeles, des croquis ou meme des exemples de ceramiques japonaises pour en de- mander la copie.
Les poteries Ko-sometsuke furent principalement fabriquees aux fours prives de Jin�gdezhen, mais on en Signale egalement la production dans des fours de la province de Fujian. Ces poteries ont entre autres caracteristiques un decor en bleu librement peint sous couverte, des formes grosseres et l'utilisation d�une argile de moins bonne qualite. Des bulles se formaient frequemment dans la couverte sur les bords de la piece, laissant des trous ou des ecailles � Paspect �range par les vers� (mushikuien japonais), caracteristique tres recherchee par les maitres du the. Ces poteries avaient le plus souvent la forme de plats ou de petites assiettes au design simple ou complexe. L�une des pieces les plus populaires etait le mukozuke, petit plateau pour la nourriture, habituellement fabrique en sehe de cinq et utilise pour la ceremonie du the. On appreciait particulierement I�originalite de ses decors et de ses formes, dont les plus interessantes et les plus spectaculaires sont irregulieres et figuratives, representant par exemple un oiseau, un dragon, un poisson ou un cheval (fig. 73).
Les poteries Shonzui remplacerent graduellement les poteries Ko-sometsuke. Beau- coup plus delicates, elles correspondaient davantage au style des decors et des formes japonais. Ces pieces ont pour caracteristiques une fabrication solide, des bordures re- couvertes d�un revetement brun appele kuchibeniet des decors bleus delicatement peints sous couverte representant des paysages comprenant des personnages et des bateaux, des personnes meditant (fig. 77), des oiseaux sur des branches, des cerfs, etc.
128
|
---|