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- represented des animaux apparentes au rhinoceros et � la licorne (fig. ii). Ces animaux portent bas leur tete cornue et haut leur queue, prets, semble-t-il, � se defendre ou � combattre. Ils semblent apparentes aux zhenmu shou (ou betes exter- minatrices des tombes), les gardiens en ceramique des tombes remontant � des epoques posterieures. A l�epoque des Trois Royaumes et des Jin occidentaux, cetype de rhinoceros porte desormais trois cornes sur ses epaules et sa tete, laquelle est toujours abaissee en signe degression (fig. iii). Dans une tombe de l�epoque des Jin orientaux, � Lijiashan, pres de Nanjing, on a decouvert une ceramique representant une creature avec des cornes disposees de la tete jusqu�� la croupe. Bien qu�apparente � la bete precedente, cet animal ressemble � un boeuf et affecte un air moins menagant (fig. iv).
Sous la dynastie des Wei du Nord, dont les dirigeants sont des bouddhistes convaincus, les creatures cornues assises � la maniere d�un chien font leur premiere apparition. Selon la croyance, ces creatures, appelees zhenmu shou (ou betes exter- minatrices des tombes), ont pour t�che d�aneantir tout etre malefique qui tente de s�introduire dans la tombe. Elles se trouvent en paires. L�une des creatures a un visage humain, le corps d�un animal et des cornes le long du dos ou sur la tete; affectant la meme pose, l�autre membre du couple a un visage de felin. La creature � tete humaine est generalement representee avec un air meprisant et des yeux exhorbites pendant que la creature feline semble gronder ferocement (fig. v).
On a decouvert un grand assortiment de figures zhenmu shou dans les tombes des Wei du Nord et dans celles des dynasties ephemeres des Wei orientaux et occidentaux, des Qi du Nord, des Zhou du Nord et des Sui. L�une des creatures zhenmu shou � tete humaine, que Ton a decouvertes dans une tombe de l�epoque des Wei occidentaux, ne porte pas de corne et affecte un air presque comique (fig. vi), mais, en regle generale, ces creatures ont une allure feroce et evocatrice. Dans certaines tombes de l�epoque des Qi du Nord et des Sui, on trouve de ces hybrides en position assise, avec une pointe fourchue leur sortant du dos et des cornes dorsales moins prononcees que lors d�epoques anterieures (fig. vii).
A l�epoque de la dynastie des Tang, le zhenmu shou est devenu une creature pour le moins coloree et fantastique, avec ses cornes extremement longues, sa criniere flamboyante, ses ailes herissees de pointes et ses jambes puissantes parfoisterminees de sabots ou de pattes (fig. ix et x). En outre, ces figures reposent sur un piedestal, ce qui leur confere un air encore plus redoutable. Avant les Tang, certaines de ces creatures ont des ailes � peine esquissees, mais, sous cette dynastie, cette partie du corps devient plus prononcee � la hauteur des epaules, rendant la creature d�autant plus grotesque et terrifiante. Dans beaucoup de cas, la creature �tete humaine a herite d�enormes oreilles de vache et la creature � tete de felin une expression plus terrifiante avec sa gueule beante et ses dents sorties. Dans les tombes, c�est toujours � l�entree d�une chambre funeraire que Ton trouve la paire de gardiens zhenmu shou, accom- pagnee de deux guerriers de ceramique en armure. Cet assemblage semble apparente � la notion bouddhique des Quatre Rois celestes ou lokapalas, charges de garder les quatre quartiers du Ciel, ou encore � celle des deux dvarapalas qui gardent l�entree des temples bouddhiques. Ces gardiens en armure, generalement montes sur des demons ou des taureaux allonges, affichent une mine tout aussi feroce que celle des zhenmu shou. Cette facette du bouddhisme apparait pour la premiere fois sous les Tang, soit au moment o� cette religion atteint son apogee, les gardiens constituant une sorte de double protection contre les esprits malefiques.
Au cours de la derniere moitie du regne des Tang, les createurs de ces figures mythiques en ceramique semblent l�cher la bride � leur imagination: certains zhenmu shou prennent la forme de dvarapalas ou de lokapalas et tentent de se lever sur leurs pattes de derriere, imitant les gestes et la pose des lokapalas (fig. xii). A leur tour, ces creatures ecrasent un animal sous leur poids.
De la fin du regne des Tang � la dynastie des Song, en passant par les Cinq Dynasties, ces effroyables creatures semblent disparaitre presque totalement ou se transformer en toutes sortes de creatures � la fois etranges et fabuleuses. On voit ainsi apparaitre des creatures au corps de serpent ou de dragon dont les deux
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